Le NPA66 vous invite
à la projection du film « C’est Parti ! » de Camille de Casabianca
sur la naissance du Nouveau Parti Anticapitaliste
suivie d’un débat animé par notre camarade Alain Krivine
Interview de Camille de Casabianca, réalisatrice du film « C’est parti ! » sur la naissance du NPA…
Est-ce que ton film « C’est parti ! » qui sort le 10 février, se range dans la case documentaire, ou bien est ce que ton film est un véritable ovni cinématographique ?
« C’est parti » est un film que j’ai concu pour le cinéma. C’est l’histoire d’hommes et de femmes sympathiques qui ont un but : celui de construire ce parti. Ils ont un an pour y arriver. Ils ont des embûches, ils ont des problèmes, ils ont aussi des bonnes surprises, donc cela se raconte comme une histoire, sans interview. Donc finalement ces personnes, qui sont réelles, deviennent les personnages du film. En faisant ce film, ce que je souhaitais, c’est intéresser le public, un public plus large que les militants, même si je pense que cela les amusera eux aussi.
Lorsque tu as pris la décision de filmer le processus constituant du Nouveau Parti Anticapitaliste, vers qui t’es tu tournée, et as-tu rencontré des difficultés pour faire accepter ton projet ?
A partir du moment où on m’a laissé tourner, j’ai eu une confiance absolue et ça je dois dire que c’était bien. J’ai eu aussi un échange avec Olivier, qui ne souhaitait pas être au centre du film. On s’est mis d’accord, il était évident qu’il ne serait pas au centre du film, mais il était aussi évident que c’était un des personnages importants de la création du NPA..
A travers « C’est parti ! » on rencontre un certain nombre de militantes et de militants, quels personnages de ce film t-ont le plus touché et pourquoi ?
Tout le monde m’a touché, parce que c’est un film humain. Pour moi c’est un film romantique parce qu’ on a cette idée de lutter pour cette société d’émancipation et d’égalité. Tous les gens dans le film partagent ça et je le partage avec eux. C’est vrai que pour moi qui suis cinéaste, il y avait des personnages… Par exemple François Sabado c’est un peu Raimu, pour ceux qui connaissent les vieux films français… Olivier c’est un peu le jeune acteur, comme les acteurs américains… Il y avait Anne Leclerc qui pourrait être Anna Magnani… Il y a Abdel d’Avignon, le p’tit mec rigolo qui a la tchatche, qui a de l’humour… Donc c’est devenu des personnages pour moi.
Dans les années 80, tu as rejoint les comités rouges, quels souvenirs gardes-tu de cette époque et de tes années de militantisme ?
L’époque était différente, on pensait qu’on allait faire la révolution assez vite. On devait être un certain nombre à pénétrer l’appareil d’état, aux télécoms, au ministère de l’Intérieur pour, le soir de la révolution, être aux manettes. On avait cette idée là, dans la tête, de la prise du pouvoir. J’ai commencé à avoir des doutes sur l’imminence de la révolution. J’ai demandé à aller en Californie, à l’université de Berkeley. Quand j’ai vu la classe ouvrière californienne, je me suis dit c’est peut etre pas pour tout de suite… Donc effectivement j’ai cessé de militer à la LCR mais je ne suis pas allée à la soupe et j’ai choisi une autre voie qui est celle du cinéma et qui est celle qui me permet de continuer à rêver.
N’as tu pas aujourd’hui l’envie de rejoindre les militants du NPA ?
C’est vrai que c’est une question que les gens me posent, mais il était clair que pour moi c’est un regard, c’est le contraire d’un film militant. C’est ce film que je propose, maintenant l’avenir, je ne sais pas, demain, de quoi il sera fait ! Mais pour l’instant, moi, je fais mon travail de cinéaste ! Je dis aux militants qui s’attendraient à voir le programme du NPA dans le film qu’il n’y est pas ! C’est juste un film sur ce que c’est d’être militant aujourd’hui.
Lors du grand nettoyage des locaux du parti, entre une porte qui vole et les œuvres complètes de Lénine en passe de finir dans la benne, on découvre à travers ta caméra des militants partagés entre l’envie de se débarasser d’un passé bien encombrant et celle de conserver de précieux morceaux d’histoire. Quel regard portes-tu sur ces images ?
Ce qui m’a intéressé dans ce film, c’est qu’en fait il y a une transmission entre les générations. Il y a les anciens, il y a les jeunes. Dans les partis en général, quand les jeunes arrivent, c’est un putsch, les vieux s’accrochent absoluement, mais là c’est assez joli, en fait c’est visuel parce qu’on voit que ce n’est pas la même génération. On voit d’ailleurs Daniel Bensaïd, que tout le monde aimait beaucoup… Quand il est mort, les journalistes m’ont appelé pour me demander si je n’ avais pas un extrait à mettre sur internet, et je me suis appercue qu’en fait dans le film si on le voit deux fois vraiment longuement, on le voit plein de fois. Sa présence imprègne tout le film.
Tu expliques que tu as filmé « ce processus de transformation, un peu comme une physicienne observe un corps passer d’un état à l’autre, solide à liquide. », penses-tu qu’aujourd’hui, notre construction est belle et bien achevée ?
Ah non pas du tout ! Là c’est le début, on sent qu’il y a une dynamique dans cette création du NPA qui est extremement positive, c’est comme le début d’une histoire d’amour, c’est merveilleux mais peut etre qu’après ce sera la chienlit on sait pas mais au début, ya ce coté positif dans le film. Ce film montre la naissance d’un parti.
Propos recueillis par Linda…