Nous reproduisons ci-dessous l’intervention faite dans le cadre de la réunion de lancement des États généraux des services publics dans les Pyrénées-Orientales, vendredi 8 avril à Perpignan, par notre camarade Jean Boucher, invité par les organisateurs à prendre la parole en tant que représentant du NPA66.
En tant que représentant du NPA, j’ai conduit au niveau départemental la liste « A gauche maintenant ! » qui, lors des dernières régionales, a tenu à mettre en avant la défense et le développement des services publics. Parce que, bien entendu, il y a leur urgence sociale mais, au-delà, cela pose la nécessité d’une autre société. Une société solidaire basée sur la satisfaction des besoins sociaux, humains, et non sur la satisfaction des profits d’une minorité. C’est dire l’importance que nous devons accorder au combat pour les services publics, et il ne s’arrête évidemment pas à des élections.
Quand on parle des services publics, il est difficile de trouver quelqu’un pour les contester en tant que tels et ouvertement. Même le gouvernement adore le service public ! A tel point qu’il voudrait « moderniser » des services publics qu’il a décrété archaïques. « Moderniser » veut dire, en langage décodé, privatiser ce qui est rentable et laisser le reste à la charge de la collectivité. L’enjeu est important, surtout dans cette période de crise profonde, destructrice, du capitalisme où les couches populaires diminuent leur consommation pour se concentrer de plus en plus sur l’essentiel – sur ce dont on a un besoin essentiel. Et c’est précisément ce secteur des besoins sociaux essentiels, auxquels les services publics ont pour mission de répondre, c’est ce secteur qui est globalement attaqué, démantelé, par tout un arsenal de contre-réformes successives - c’est ce secteur qui est livré à la concurrence, considéré comme n’importe quelle marchandise, comme une source de profits.
Or, l’accès à l’énergie, à l’eau, à la santé, à la communication, aux transports, à la culture, à l’éducation,etc. est un droit fondamental qui doit être garanti à tous et toutes, quelle que soit notre situation sociale, familiale ou autre et sur l’ensemble du territoire. Que l’on habite Neuilly ou Bobigny, que l’on habite Paris ou le fin fond de notre département. Et c’est ce droit fondamental qui est bafoué. Toutes les mesures offrant des pans entiers de services publics aux entreprises privées ont conduit à dégrader le service rendu – on devrait plutôt dire : le service vendu –, et ces mesures ont aussi conduit à augmenter la participation financière des usagers transformés en clients et traités de façon inégalitaire. Vous le savez, il est de moins en moins rare de voir des familles renoncer, par exemple, à des soins, faute de pouvoir se payer une mutuelle capable de compenser ce qui n’est plus pris en charge collectivement.
Il est important de réaffirmer que le service public loin d’être archaïque est au contraire, et en dépit de ses imperfections (dues non à son principe même mais à son environnement capitaliste dominant) – ce service public est très adapté, et que, amélioré et généralisé, il est même une des solutions à la crise.
Les citoyennes et les citoyens qui sont mobilisés pour défendre leurs hôpital, leur bureau de poste, leur ligne de chemin de fer ou, comme en ce moment dans les P-O, leur collège et leurs classes maternelles et primaires comprennent bien que le service public les protège face à cette crise du système capitaliste que l’on veut leur faire payer et que leur vie sera encore plus difficile sans cette solidarité, cette proximité et cette égalité de traitement qu’offre le SP.
Alors – et je vais conclure là-dessus - si nous sommes si nombreux à le penser et agir, nous devons pouvoir également être nombreux à unifier nos luttes. Car si l’attaque du gouvernement se fait souvent secteur par secteur, elle est systématique et globale. La résistance se doit, pour être efficace, elle aussi être globale. Et ces états généraux offrent un cadre non seulement de réflexion mais aussi de convergence.