Nous reproduisons ci-dessous la contribution écrite que, début juillet, le NPA 66 a adressée, suite aux divers échanges et réunions entre organisations de la gauche perpignanaise, à l’ensemble de ces forces (Génération-s, Nou-s Perpignan, PG, En Commun, La FI, PCF, La Coopérative).
Les enjeux des municipales de Perpignan ? Mettre en œuvre – par l’implication et la mobilisation populaires – une politique au service de notre camp social, répondant aux besoins sociaux, démocratiques et environnementaux. Cela passe par en finir avec le règne de la droite et par faire échec à l’extrême droite. Et cela passe surtout par le rassemblement sur une base politique claire à gauche, en toute indépendance du PS qui a mené une politique au service du capitalisme destructeur. Il y a URGENCE !
Rassembler les organisations politiques vraiment à gauche et aussi au-delà, comme on a su le faire dans le département avec le Collectif Marée populaire (qui regroupe également des associations et syndicats). Pour battre les Aliot, Pujol et autres Grau, il nous faudra être capables de convaincre et rassembler aussi celles et ceux veulent prendre en main les choses de leur ville, celles et ceux qui ont participé au mouvement des Gilets jaunes sans rien céder aux divers courants réactionnaires, celles et ceux qui - organisé-e-s ou non dans des syndicats, collectifs ou associations - se battent au quotidien dans les entreprises, les écoles, les hôpitaux pour les droits des salarié-e-s et les services publics, celles et ceux qui se battent pour les droits des femmes ou des LGBTI, pour sauver la planète du désastre écologique, pour un accueil digne pour les réfugié-e-s… Dans le contexte global d’une offensive autoritaire du pouvoir et d’une menace grandissante de l’extrême droite, c’est même un enjeu qui dépasse Perpignan et son Agglo.
Notre ville est comme les autres communes et collectivités territoriales, et comme toutes les couches populaires, victime des politiques néolibérales locales mais aussi nationales et européennes, menées de plus en plus brutalement au service du Medef de la finance capitaliste, aujourd’hui par Emmanuel Macron, hier par François Hollande (avec Valls et Macron), avant-hier par Nicolas Sarkozy… La dangereuse poussée de l’extrême droite se nourrit de la crise du système et de sa gestion catastrophique, contre les populations et l’environnement, par les gouvernements successifs, y compris se réclamant de la gauche. C’est ce qui a jeté dans les bras de l’extrême droite (se proclamant « ni droite ni gauche ») des pans entiers des couches populaires. Celles et ceux qui y ont contribué, au premier rang desquels le PS en se revendiquant frauduleusement de la gauche, ont failli et sont largement discrédités. La gauche ne pourra regagner la confiance de larges franges populaires et leur redonner espoir dans la possibilité de changer les choses qu’en leur envoyant un message sans ambiguïté : Aucune alternative et aucun accord électoral qui soient en défense de la population et de l’environnement ne sont envisageables avec un tel parti.
L’alternative sociale, démocratique et environnementale à Perpignan ne peut se limiter à une série de mesures à caractère local. D’abord parce que des dossiers de première importance ne peuvent avoir de cohérence qu’à l’échelle de l‘Agglo (transports, eau/assainissement, logement…). Ensuite parce que Perpignan, comme chaque municipalité et collectivité territoriale, doit s’engager dans tous les combats au niveau national, voire international. Ainsi, notre programme combine des propositions locales et des revendications plus larges, seules à même de changer le sort du plus grand nombre. Nous défendons une politique notamment et tout particulièrement en faveur des couches les plus défavorisées - par le développement des services publics, par l’extension de la gratuité et par des programmes spécifiques en direction des quartiers populaire, etc. (voir axes ci-dessous).
Dans ce cadre, nous voulons à Perpignan des élu-e-s fidèles à leurs promesses qui soient aux côtés de la population, et tout particulièrement des plus défavorisés – nombreuses et nombreux dans notre ville et dans notre département –, qui soutiennent les luttes populaires et qui s’appuient dessus pour résister au rouleau compresseur du néolibéralisme. Une ville de gauche se heurtera à l’hostilité et au sabotage des pouvoirs centraux. Rien ne sera possible sans implication, résistance et mobilisation populaires.
(Avertissement : Cet ensemble de propositions n’est évidemment ni exhaustif ni à prendre ou à laisser ! Bien au contraire, c’est en vue d’ouvrir la discussion entre nous et au-delà, publiquement, en élargissant à d’autres et notamment aux actrices et acteurs individuels ou collectifs de la vie sociale et politique locale. L’essentiel d’entre elles ont d’ailleurs été émises à l’occasion de luttes populaires.)
1. Pour une autre répartition des moyens budgétaires afin de répondre aux urgences sociales, écologiques, culturelles, démocratiques ; réexamen de la dette de la ville en vue de son annulation ; révision des impôts locaux, socialement injustes.
2. Pour une politique du logement social et de qualité en faveur des jeunes et personnes aux revenus modestes, et notamment des SDF ; mobilisation de la municipalité en faveur du blocage des loyers ; réquisition et réhabilitation des logements vacants aux normes écologiques ; refus d’expulsion des squats ; lutte contre la spéculation immobilière et les projets soi-disant de réhabilitation qui visent en fait à chasser les populations modestes (notamment gitanes et d’origine maghrébine) du centre-ville. Un urbanisme valorisant le patrimoine de la ville ne doit pas se faire aux dépens de ses résident-e-s.
3. Pour des transports publics écologiques à développer en lien avec l’Agglo et le reste du département. Leur insuffisance grave oblige la population à utiliser la voiture individuelle – pour le travail, les loisirs, etc. Un développement des transports publics, combiné avec la gratuité, sera un facteur important pour réduire l’usage de la voiture, coûteux, irrationnel et polluant. Pour cela, la municipalité doit aussi se battre pour une augmentation du versement transport par les employeurs et s’engager aux côtés des luttes écologiques.
4. Pour la transition énergétique : actions en faveur des produits bio locaux en circuits courts (notamment dans les cantines), des économies d’énergie, des transports publics, de plans « verts » qui fassent de la ville un lieu convivial et agréable à vivre (pistes cyclables, rues piétonnières, parkings en périphérie…) ; création d’un office municipal des énergies renouvelables ; soutien aux actions qui seules permettront de juguler la crise climatique. Pour un arrêté municipale anti-Linky.
5. Pour développer les services publics locaux : crèches ; structures pour la petite enfance, les handicapés ; maisons de retraite, maisons de santé dans les quartiers populaires, accessibles à tous et toutes ; infrastructures culturelles et sportives dans tous les quartiers. Contre toute privatisation et délégation de service public. Pour la remunicipalisation et une gestion des services publics avec leurs salarié-e-s et avec la population.
6. Pour un accès à la culture pour l’ensemble de la population : Développement et financement des centres culturels ; mise en place de la gratuité pour les populations les plus précaires ; développement des interventions dans les établissements scolaires notamment dans les quartiers les plus démunis ; favoriser les projets associatifs, culturels, sportifs – hors circuits marchands -, ainsi que l’apprentissage et l’usage du catalan.
7. Pour l’égalité des droits et contre toutes les formes de discriminations (sexistes, racistes et LGBTI-phobes) ; s’engager dans la bataille pour le droit de vote des étranger-e-s ; soutenir la lutte des sans-papiers ; créer des lieux et structures d’accueil pour les Rroms, les réfugié-e-s… ; participer aux luttes des femmes : accès gratuit à l’IVG avec maintien et développement des structures existantes pour que les délais puissent être respectés ; développement des centres d’hébergement des femmes et LGBTI victimes de violences, etc.
8. Pour une ville solidaire des peuples en lutte, catalans, palestiniens, syriens, algériens, soudanais…
9. Pour une ville aux côtés des salarié-e-s en lutte pour leurs salaires, conditions de travail, emploi, etc. ; arrêt des subventions et aides aux « entreprises » ; constitution d’un fonds municipal de solidarité ouvrière pour soutenir les luttes des salarié-e-s, y compris dans la reprise de leur site de production. La municipalité devra montrer l’exemple en titularisant les personnels précaires, en créant des emplois répondant aux besoins sociaux et environnementaux et en réduisant le temps de travail.
10. Pour une démocratie réelle : fin de la vidéosurveillance et de l’armement de la police municipale ; développement des aides aux associations ; ouverture de lieux de réunion sans restrictions d’accès ; transparence des institutions locales, accès à l’ensemble des documents de réflexion et de décisions concernant les politiques municipales ; mise en place de référendums sur les projets importants de la municipalité ; favoriser toute forme de démocratie locale, l’auto-organisation de la population pour que chacun-e puisse discuter et décider des affaires publiques. Rien ne se fera sans son organisation, son implication et sa mobilisation.