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Saisonniers sans eau : victimes de la guerre de l’eau ! SOLIDARITÉ !

Nous reproduisons ci-dessous le communiqué de presse du Colectivo de Saisonnières de Perpignan (« DES SAISONNIERS SANS EAU : les premières victimes de la guerre de l’eau en France »), auquel le NPA 66 (Catalogne nord) apporte son total soutien.


Nous vivons un moment historique : la pire sécheresse depuis 1959, date à laquelle des conditions météorologiques liées à la sécheresse ont commencé à être enregistrées en France. Elle est peut-être moins perceptible dans les zones septentrionales, mais ici, dans les Pyrénées-Orientales, les plus touchées pour l’instant, avec des restrictions d’eau depuis avril dans différents villages, les premières conséquen- ces commencent à se faire sentir :

Le 17 avril, le premier incendie dans les Pyrénées s’est déjà déclaré avec environ 1000 hectares brûlés… Certains villages ont déjà dû être approvisionnés en eau potable en raison de la pénurie d’eau. Quelles sont les mesures prises ? Un million d’euros pour aider le Tourisme et l’Agriculture. Un Tourisme qui vient surtout pour les plages… et pour le vin de la région. Un vin récolté par nous, les Saisonniers Agricoles. Deux grandes activités de la région qui perdurent en grande partie parce que nous, les Saisonniers, continuons à travailler sous le soleil et dans des conditions de travail et de vie épouvantables. Mais pas un centime de ce million d’euros ne sera consacré à notre protection, en tant que des PERSONNES.

S’il y a des gens qui sont mécontents de ne pas pouvoir laver leur voiture ou remplir leur piscine privée, pou- vez-vous imaginer ce que nous, les Saisonniers, qui ne pouvons même pas prendre une douche, ressentons ? Vous imaginez travailler sous un soleil de 35 degrés, vivre dans un champ sans ombre et devoir penser à trou- ver de l’eau pour boire, cuisiner, se doucher et enlever les produits toxiques de notre peau ? Car oui, même si on ne travaille pas directement avec les phytosanitaires, ils nous affectent, ils pénètrent par notre peau, que nous ne pouvons pas laver, parce qu’il semble que nous ne méritons même pas une douche.

Jusqu’à présent, nous pouvions utiliser notre ingéniosité pour gagner notre vie, en collectant l’eau des fontaines publiques ou des cimetières (même si nous n’aimons pas cela, nous n’avons pas d’autre choix), en créant nos propres douches ou machines à laver DIY pour utiliser l’eau collectée. Mais, avec les restrictions, ce n’est plus possible. Comment allons-nous nous procurer de l’eau dans cette situation de sécheresse ? Devrons-nous enfreindre la loi, comme cela a été fait jusqu’à présent dans de nombreux endroits, pour irriguer des terrains de golf ou remplir des piscines privées ?

Actuellement, dans différents villages de la région, comme dans les secteurs de Banyuls-sur-Mer ou Pia ou Nefiach, il y a des Saisonniers qui travaillent sans avoir accès à l’eau potable de l’employeur.

Dans d’autres villages comme Maury et ses environs, les fontaines et l’eau des cimetières sont coupées, et les saisonniers sont sur le point d’arriver pour travailler dans les vignes.

Comment allons-nous survivre si l’accès au bien le plus précieux pour la vie nous est retiré ? Notre ingéniosité est réduite par le manque d’options autour de nous, et notre instinct de survie apparaîtra comme chez tout être humain.

Serons-nous obligés de voler de l’eau ? Devrons-nous risquer d’être considérés comme des criminels parce que nous essayons de ne pas mourir ?

Car, soyons honnêtes, même si on n’en parle pas, il y a depuis longtemps des morts par coup de chaleur de Tra- vailleurs Agricoles (été 2020 : 12 accidents mortels. 2022 : 4 décès de travailleurs sur le terrain).

Pendant toutes ces années, la plupart du temps, lorsque nous demandons aux Patrons de nous donner un point d’eau, on nous le refuse.

Certains disent qu’ils ne peuvent pas le faire (comment irriguent-ils leurs plantations ?), ou ils nous expliquent qu’ils ne sont pas responsables (ne devraient-ils pas veiller à notre sécurité en tant que responsables de leurs travailleurs mobilisés ?)

Quand on demande à la Mairie un terrain pour se poser ou un lieu de collecte d’eau, ils disent qu’ils ne sont pas responsables, que c’est à notre employeur de le faire, ou que c’est la responsabilité du département.

Lorsque nous demandons au Département, il nous répond que c’est la responsabilité de l’employeur …..

Et pendant qu’ils continuent à jouer le jeu de la tromperie, ils mettent de nombreuses vies humaines en dan- ger. Des vies qui ne semblent pas avoir d’importance, tant qu’il y a du tourisme et des gens désespérés qui acceptent ces conditions de travail inhumaines.

Ce communiqué se veut un appel au réveil, un appel à la prise de conscience de ce qui se passe autour de soi à leur entourage (car même si l’on ne nous voit pas, si l’on voit un champ cultivé, c’est que l’on est là).

Vous lisez peut-être cette déclaration assis à la terrasse d’un bar, en train de boire un vin (issu de raisins cueillis par les Saisonniers), de déguster un fruit de saison ou une salade fraîche (également cueillis par nous), de profiter d’un climatiseur ou simplement d’un verre d’eau fraîche.

Une eau qui, dans la plupart des cas, nous est refusée comme si nous demandions un Pinot Noir Réserve.

Il s’agit d’un appel à penser à nous en ce moment, juste une minute, d’essayer d’imaginer ce que c’est que de vivre dans ces conditions, et ce que sera l’été qui s’annonce.

Il s’agit d’un appel urgent, car des vies sont en jeu. Parce que des vies hu- maines sont sous-évaluées, des vies humaines sont mises en danger pour sauver quelques euros. Il s’agit d’un appel ouvert et d’un appel à l’aide à tous les Syndicats :

si vous luttez pour les droits des travailleurs, luttez aussi pour les nôtres, et pour le plus fondamental d’entre eux : luttez pour notre eau, pour nos vies. Il s’agit d’un appel à l’aide lancé à toutes les Mairies : une partie de la responsabilité vous incombe, et vous permettez que ces conditions se reproduisent année après année. Ne permettez pas que nos vies soient en danger.

À certaines Mairies : ne mettez pas le tourisme au-dessus des vies humai- nes : ne permettez pas (comme cela s’est produit l’année dernière) que des piscines privées soient remplies d’eau, alors que vous avez plus de 100 personnes qui travaillent sans endroit pour se loger, sans ombre et sans eau.

Nous ne demandons pas grand-chose, nous n’exigeons pas de privilèges, nous exigeons simplement de l’eau potable et une douche.

Colectivo de Saisonnières de Perpignan

colectivo.saisonnieres66@gmail.co


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